Courbatures, mal aux cheveux et syndrôme de Diogène

16 janvier 2013

Couchée à quatre heures passées, je me suis éveillée vers neuf heures à cause des flocons de neige fondue s'écrasant sur les vitres de mes Velux avec un bruit délicat, mat et curieusement sinistre. Tssss.

J'ai beaucoup parlé hier, pas mal bu et fumé à la folie. J'ai une humeur de chien, une haleine de poney et une démarche de robot (j'aurais pu dire de pingouin pour poursuivre dans la comparaison animalière, mais mes courbatures, réparties de façon fort équitable et harmonieuse, ne se situent pas qu'aux jambes).

Après un solide petit-déjeuner, constitué de bananes arrosées de sirop d'érable dans lequel je trempais des toasts de pain de seigle spécial huîtres (super promo au Inter pour écouler les stocks restant des fêtes de fin d'année, ça remplace plutôt bien le pain de mie), j'ai laissé errer mon regard sur l'inextricable fouillis de mon appartement. C'est un fait, quand je serai vieille, je serai atteinte du syndrome de Diogène.

Pour commencer, un peu de culture, mes enfants (j'aurais aimé être institutrice; les enfants beaucoup moins).

Et d'abord, c'est qui ce Diogène? Il s'agit de Diogène de Sinope, appelé aussi Diogène le cynique. Et rien que pour ça, ça devrait vous plaire : imaginez un Dr House en toge, et avouez pour voir que vous n'avez pas envie d'en savoir plus !

Ce Diogène donc était un philosophe provocateur qui prônait le rejet de la civilisation et des conventions sociales, et dormait dans une jarre. Oui, une sacrément grande jarre, je vous l'accorde.

Ce fils de banquier véreux tournait en ridicule les philosophes et plus particulièrement Platon, son contemporain, (ce qui est un peu culotté, moi j'aurais peut-être pas osé), se masturbait en public, vivait de la mendicité.

Autant dire que maintenant, il serait jeté au gniouff vite fait mais, là, non, il avait même Alexandre le Grand comme fan. Faut dire qu'il avait des idées vraiment révolutionnaires. Il prônait la liberté sexuelle, voulait supprimer la monnaie et les armes, méprisait l'amour et n'avait rien à carrer de la religion et des sépultures. Il pensait même que les hommes et les femmes étaient égaux, un fou, je vous dis !

Les différentes versions de sa mort sont aussi cocasses les unes que les autres :

a) il aurait succombé à une infection suite à la morsure d'un chien auquel il aurait dérobé son os;

b) pour manifester contre la cuisson des viandes (oui, il existe des raisons de manifester bien plus importantes que le mariage gay, la preuve!), il aurait mangé un poulpe cru et il en serait mort

c) bien avant Pépé, fils de Soupalognon y crouton de Asterix en Hispanie (il aura peut-être inspiré le personnage), il aurait simplement décidé d'arrêter de respirer, et puis personne ne l'a prévenu que ça pouvait être dangereux, de toute façon, il n'écoutait rien.

Fermons maintenant cette page d'histoire pour revenir au sujet hautement médical de ce jour : le syndrôme de Diogène.

Touchant les personnes âgées, on peut l'appeler aussi le syndrôme du-mec-qui-est-tellement-bordélique-que-ça-passe-de-"défaut"-à-"syndrôme".
En gros, la personne oublie d'aller sous la douche et de sortir ses poubelles (symptômes dont je ne suis pour l'instant pas atteinte, ouf), invente un peu des histoires rocambolesques ou déforme la réalité, et vit dans l'accumulation d'objets divers autant que variés (nom savant: syllogomanie).

Et quand on lui dit "mémé, y'a comme une odeur étranger chez toi, et pourquoi tu réponds jamais au téléphone? Pierre et moi on s'inquiète, tu veux jamais qu'on vienne, et toutes ces mouches qui volètent autour de ton tablier, c'est tes nouvelles copines ? Et tu veux pas qu'on aère un peu? Et elle est en grève, ton aide ménagère?",

ben mémé, elle hausse les épaules en disant "mais ma pauvre fille, tu débloques complètement, tout va très bien ici, et puis d'abord, j'ai accroché un arbre magique parfum vanille au lustre du salon et puis si ça te pose un problème, tu te tires ailleurs parce qu'ici c'est chez moi, et qui êtes-vous d'abord, je donne rien aux témoins de Jéhovah, sortez de ma maison !"

Vous aurez bien sûr reconnu les symptômes de l'isolement social, du déni, du tempérament soupçonneux et du refus d'aide, astucieusement décrits dans un dialogue pour vous rendre la lecture de ce blog plus agréable et vivante.

Pour cette maladie, pas grand traitement. Il semblerait que la solitude soit la source du problème, donc une vie en communauté serait plutôt avisée. Et si maintien au domicile il doit y avoir, ben, y'a plus qu'à appeler l'équipe de C'est du Propre!!

Voilà voilà voilà. Bon, ben, c'est pas tout ça mais j'ai du ménage à faire moi.