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   Les Tribulations de                  Pierrette Bourge
21 janvier 2013

Travaux, épisiotomie et couches sales

"Alors, tes travaux, ça en est où ?". C'est la phrase qu'on m'a le plus posé entre octobre 2009 (date où j'ai acheté mon appart, oui, celui qui se trouve sous les combles tout plein de barda) et le moment hyper chiant qui fait mal aux muscles et au dos émouvant en diable de l'emménagement !

Les Travaux, c'était devenu ma vie. Un peu comme ces jeunes mamans qui, une fois qu'elles ont quitté la maternité avec un vide dans le ventre et un plein dans le couffin (là aussi, y'a ce principe de vases communicants, c'est fou non?), ne sont plus elles-même. Mais si, ne faites pas les innocents, vous aussi vous l'avez pensé. Quand votre copine Germaine vous avait annoncé qu'elle était enceinte, vous aviez déjà cette appréhension bien commune: les mamans ne parlent plus d'autre chose que de leur gamin.

En fait, c'est pas exactement ça. Elles sont encore elles-même, simplement elles ont passé des heures à expulser ce truc qui maintenant monopolise l'atttention parce qu'il est en train de vomir du lait caillé trooooop mignoooooon, alors forcément, elles s'extasient. Elles ont de quoi.

Et faut bien avouer que même si c'est très difficile d'avoir une discussion de grande personne avec un bébé dans les pattes (ou un enfant, c'est pareil. Avec l'ado, on est tranquille parce qu'il nous méprise/déteste tellement qu'il ne reste jamais dans la même pièce que nous, c'est pratique. Mamans, soyez patiente, votre enfant grandira aussi!), les enfants, c'est marrant aussi. ça retient des trucs étranges, et pas forcément ceux auquels on s'attendrait.

C'est aussi pour ça que les discussions avec bébé à côté sont compliquées. Déjà, faut pas dire de gros mots (qui a essayé de tenir une conversation passionnée avec une amie et de pas dire de gros mots?). Ensuite, la maman doit avoir deux oreilles chacune rattachée à un bout de cerveau. L'oreille gauche pour nous écouter et s'épancher sur nos peines de coeur et sur nos soucis du boulot (et aussi sur son bébé, on est pas bégueule, on peut aussi écouter ce qu'elle a à dire). Et l'oreille droite pour écouter si l'enfant dort/hurle/respire encore/demande quelque chose avec le mot magique/demande quelque chose sans le mot magique/fait un caprice/raconte sa journée/écoute les gros mots et essaye de les répéter, et la maman, elle, doit aussi trouver une réponse appropriée à la situation précitée. Impressionnant, hein?

Bon, pourquoi je vous parle de ça? Ah oui, pour la phrase "Alors, tes travaux?"! A une maman, on demande "Alors, ça pousse?", (ce qui, à mon avis, vient d'un calembour plutôt inapproprié sur le fait que quelques jours/mois/années avant, elles ont du pousser, poussez fort, madame, allez, stop stop, ne poussez plus (faudrait savoir quoi!), bref vous conviendrez que l'accouchement, ça fait partie de la sphère intime qui foit rester intime. Je sais bien que cette sphère intime a des limites qui dépendent de chacun, et que je sais plus quelle nana a accouché devant sa webcam (beurk). Mais on est d'accord qu'entendre le charcutier les mains dans la chair à saucisse, son tablier maculé de sang, et qui évoque, via un calembour éculé, votre accouchement, ça peut remuer).

Et à moi, on me demandait "Alors, tes travaux?", parce qu'ils avaient pris une place telle dans ma vie que je ne parlais plus que de ça. Comme à une jeune maman, les Travaux me demandaient une énergie folle, me réveillaient la nuit, me causaient bien du souci, me niquaient le dos, me coutaient de l'argent, me faisaient parfois regretter de m'être lancée là dedans, et en même temps, me procuraient une immense fierté. Quand quelqu'un vient à l'appartement et qu'il me dit que c'est chouette, je suis toute aussi émue que quand on reçoit un compliment sur son gamin. Tout pareil qu'une jeune maman, je vous dis, l'épisiotomie en moins.

Et puis, les travaux se sont terminés, ou presque. Bien sûr, les finitions ont été plus ou moins baclées, mais vous croyez quoi? Que votre enfant à vous, il est parfait ? Non mais.

Et aujourd'hui, ça recommence, les Travaux. J'ai l'impression de revenir, après un premier, à la période couches sales/nuits courtes pour le deuxième, à la fois émue (ooooh, c'est incroyaaaable ce que ça peut contenir comme saleté pour une si petite surface) et dépitée (mais qu'est-ce qui m'a pris de recommencer, c'était si dur que ça avec le premier, mais comment j'ai réussi à tenir, allez, courage, plus que quelques mois).

Par contre, à la fête des mères, j'échappe aux colliers de nouilles, moi...

 

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