Auriculaire, portière, et grand vent de Sud-Sud-Ouest ou une nouvelle version de la blague Paf le chien

Dimanche, alors que javais à peine garé ma nouvelle résidence secondaire en bas de chez moi, je me suis précipitée, un peu bourrelée de culpabilité (et aussi parce que je venais d'engloutir un Big Mac et ça, c'est mal, mais en même temps, il paraît que les produits Mac Do contiennent un anti-vomitif. Ce déjeuner sur le pouce peut donc être considéré comme un acte d'auto-médication anti gueule de bois. Oui donc où en étais-je ah oui, précipitée) sur mon blog pour vous donner quelques nouvelles. Et j'ai mentionné discrètement une possible amputation de l'auriculaire gauche.

Vous commencez à me connaître, je suis donc à peu près sûr que vous vous êtes dit que je m'étais ébréchée un ongle, c'est pas vrai ? Vous me prenez vraiment pour une chochotte geignarde, c'est limite vexant. Mais je suis indulgente. Profitez-en.

Mais que s'est-il passé ? Et quel est le vrai diagnostic ? Et Pierrette Bourge pourrait-elle continuer à écrire des tartines si elle n'avait plus que 9 doigts ?

Ne soyez pas impatients, tout vient à point à qui sait attendre, comme dirait l'autre. [Nota Bene: l'autre, il a un nom, il s'appelle Clément Marot. Ou Rabelais, ça dépend des sources. On continuera donc à l'appeler l'autre, comme ça, pas de jaloux, et ne rendons pas à César ce qui, et flûte, revenons à nos brebis, s'il vous plaît].

Posons tout d'abord le décor. C'était jeudi, en milieu de journée. Extérieur jour. Grand soleil et beaucoup de vent sur la route GI-3440, entre Hondarribia et Pasai Donibane, Espagne. A peu près là, très précisément.

Autant dire que la route était belle, et sinueuse, et sans endroit pour prendre des photos malgré la vue magnifique. Faisant fi de toutes les règles de prudence (et je n'en suis pas fière, croyez-moi), j'ai stoppé ma voiture en warning sur le côté (mais pas trop pour pas finir en bas des falaises après moults tonneaux et mourir prisonnière d'une carcasse métallique, surtout qu'on nous répète de rien jeter dans la mer, ça vaut aussi pour les humains et les voitures, bien que les humains soient biodégradables et pleins de bonnes protéines pour les poissons. Les voitures, un peu moins mais c'est discutable.), pour prendre une photo, en bonne touriste que je suis. J'avais quand même veillé à la visibilité, histoire d'éviter aussi ça. Je prends une photo, je remonte précipitamment quand soudain, un gros coup de vent et la portière se rabat sur ma main. Genre Paf le chien en version doigt. Bien sûr, ça fait très mal, mais la culpabilité de constituer un danger sur la route me tarraude toujours, donc je fais un gracieux "putain de bordel, merde ouille, ça fait mal" en bouclant ma ceinture et je repars.

La photo responsable de ma peut-être fracture. Est-ce que ça valait le coup ? Je me pose encore la question.

Durant les heures qui suivent, je continue à rouler, et je m'efforce de trouver des endroits adéquats et sécuritaires pour prendre des photos (oui, j'ai un peu l'impression que cette possible fracture de la deuxième phalange s'agit en fait d'une punition pour mon imprudence, ce qui signifierait au choix:

1) que ma voiture est intelligente mais un peu moralisatrice sur les bords

2) que le vent est intelligent mais un peu moralisateur sur les bords

3) que la maxime "c'est le petit Jésus qui t'a puni" ne serait pas juste une phrase très agaçante de mémé)

4) que je risque de me réincarner en brebis basque dans ma prochaine vie. Ouais, je sais, y'a pire, mais c'est parce que j'ai fait beaucoup de bonnes actions aussi, fin de la parenthèse ouverte environ vingt lignes plus haut, merci de suivre.), je continue ma vie d'aventurière, quoi. Après avoir constaté que ma trousse à pharmacie ne contient que de l'antimoustique et des pansements. Ni pommade, ni bibilles d'Arnica, ni anti-douleur. Damned.

Petit à petit, mon doigt se tranforme en mini-bibbendum. Mais j'ai encore quelques ballades à faire, ça attendra demain. Et puis, je peux le bouger quand même, donc ni luxation ni fracture d'articulation, normalement. (Oui, j'ai aussi un talent ahurissant pour les auto-diagnostics. J'ai vu beaucoup d'épisodes de Grey's Anatomy, c'est pour ça).

Vendredi, après une nuit relativement pénible (y'avait tellement de vent que j'ai été bercée dans la voiture qui tanguait. Heureusement que je ne suis pas sujette au mal de mer. Et puis j'avais mal au doigt quand même), mon auriculaire ressemblait à un boudin de schtroumph. Vendredi soir, j'ai retrouvé le monde civilisé, MaJu m'a refilé du Doliprane et mes amis Langoiriens m'ont administré un cataplsame d'argile verte sous du cellophane. Tentative inefficace mais très drôle.

Le lendemain, le bleu avait viré au violet sombre. Je me suis demandée si c'était la nécrose, mais comme je n'avais pas de plaie, c'était assez improbable.

Bref, tout ça a fini samedi après-midi dans le cabinet d'un médecin plein d'humour et joli garçon au demeurant (ce qui, reconnaissons-le, ne gâche rien), qui a été (j'aime à le croire) profondément impressionné par mon stoïcisme très pince-sans-rire (qui parfois peut ressembler à une sorte de flegme anglais. A ce propos, je pense réviser mon arbre généalogique : il me paraît inconcevable d'avoir du sang italien plutôt que du britannique). Je plaisante; en vrai, je me suis roulée avec force geignements sur le lit d'oscultation en l'accusant de sadisme avéré.

Il m'a fourni une atelle (non remboursée par la Sécu) et des conseils judicieusement adaptés à ma situation : "Ah bon, vous ne travaillez pas? C'est bien, continuez comme ça" et autres "En cas de douleur, trempez votre doigt dans le mojito du voisin".

Et aussi une ordonnance pour une radio et une écho du doigt, mais comme de toute façon, le traitement est le même en cas de fracture ou d'entorse (c'est-à-dire une atelle ou une syndactylie), je pense que je vais épargner à mon corps l'exposition à des rayons qui, bien qu'indolores, coûtent de l'argent aux contribuables qui payent déjà pour mon futur RSA.

Sur ce, je vais enfiler un sac plastique sur ma main pour faire ma vaisselle. Allez, bisous.

Comments

[maurice bijaoui]

tu as oublié en

5) peut-être le fantôme

de franco, en effet, c'est la phalange !