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   Les Tribulations de                  Pierrette Bourge
21 avril 2013

Jaune moutarde, jargon de boucher et Résistance

Tout à l'heure, je furetais sur un blog que j'aime bien (celui-là pour les curieux), et puis j'ai été en voir un autre, pis un autre, bref, on me conseille de faire du sport mais moi, j'ai surfé toute le journée quoi, et j'ai même pas de courbatures. Et puis, je suis tombée sur cette phrase sans aucun intérêt dont je ne vous refilerai qu'un court extrait "pendant que je faisais mon truc en loucedé", et j'ai eu un flash des années 60, cette fameuse époque où on parlait encore l'argot et pas ce foutu verlan.

Bon, c'était bien entendu un flash imaginaire vu que dans les années 60, mes parents étaient à peine nés (ouais, genre), ou du moins qu'ils étaient si occupés à coller leur chewing-gum sous leurs pupitres en bois avec les trous d'encriers qu'ils s'imaginaient pas qu'un jour ils auraient des nouvelles un jour d'une fille dont ils sont les parents en lisant son blog.

Ce flash, ça faisait un truc comme ça : je devais avoir une quinzaine d'années, je portais une robe Courèges, j'étais blonde avec les cheveux longs, dans une pièce un peu comme celle-là.

souvenirs-3

J'étais à moitié allongée sur un tapis jaune moutarde qui gratte les genoux en train d'écouter un disque de Claude François avec mon amie Geneviève. Nous nous extasions sur la pochette colorée en remettant inlsassablement le rond noir dans la bouche du mange-disques. Et comme Geneviève était du genre rebelle (et que c'est ce que j'aimais chez elle), elle m'a confié avoir piqué un disque à son père. Ou plutôt l'avoir "sorti en loucedé du salon".
Fin du flash imaginaire et début des questionnements.

Ce que signifie "en loucedé", on le sait. Comment on le sait ? Je ne sais pas, ça fait partie des mots qu'on a entendu et qui étaient si imbriqués dans un contexte qu'ils prennent leur sens de façon évidente. Mais d'où il vient, ce mot ? Il vient de "en douce", mais en largonji.

Et c'est ça qui est intéressant, le largonji. Vous connaissiez, vous ? Oui, mais parce que vous êtiez vous-même blonde aux genoux irrités par la laine jaune moutarde dans les années 60. Voire même avant.

Le largonji, c'est une sorte d'argot. En vrai, c'est même du Louchebèm, du largonji des louchébems (bouchers). Pourquoi les bouchers faisaient des trucs en douce, je l'ignore. Ca a peut-être un rapport avec le marché noir. En tous cas, WikiMonAmi est drôlement bien renseigné et vous explique comment on parle en louchebèm :

"Le processus de création lexicale du louchébem se rapproche du verlan et du javanais. On « camoufle » des mots existants en les modifiant suivant une certaine règle : la consonne ou le groupe de consonnes au début du mot est reportée à la fin du mot et remplacée par un « l », puis on ajoute unsuffixe argotique au choix, par exemple -em/ème, -ji, -oc, -ic, -uche, -ès. Ainsi s-ac se mue en l-ac-s-é, b-oucher en l-oucher-b-em, j-argon en l-argon-j-i, etc.

Le louchébem est d'abord et surtout d'un langage oral, et l'orthographe en est très souvent phonétisée."

Donc, larfeuille (dérivé de lortefeuillepem) c'est du louchebèm. Loufia aussi (de filou). Le mot qu'on connapit le plus en louchebèm, sans forcément savoir que c'en est, c'est loufoque (de fou). Et grâce à quoi tout ça ?
Grâce à Pierre Dac, dont le papa était boucher, et qui a démocratisé complètement ce mot. Il a fait la même chose avec Schmilblick et Chleuhs, même si je ne suis pas sûre qu'on puisse dire que ces mots sont du louchebèm. Plutôt du Chargonji que du Largonji.

Apprenez également que le louchebèm était parlé par les résistants de la Seconde Guerre Mondiale.

Voilà, c'était la lagepèm d'histoire de la lournéejic !

Lllezauche, lalutsoc !

 

 

 

 

 

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