Arielle Dombasle, placard de mamie et frelon piégé

L'autre matin, en sortant des toilettes d'une pièce, j'ai cru percevoir un mouvement fugace dans un coin. Comme une ombre qui glissait sous un placard. Je ne suis pas une peureuse, mais bon, ça m'a surprise. J'ai fait un microsursaut, plissé les paupières en me demandant ce que ça pouvait être, et pour finir, haussé les épaules: "ça doit être Maïtika".

(Vous remarquerez qu'à la sortie des lieux d'aisance au petit jour, je ne suis pas des plus futés : une mygale dans un appartement, ça n'arrive que dans Un Indien dans la Ville, et je ne suis pas Arielle Dombasle, merci mon dieu, je ne l'aurais pas supporté.)

Et puis l'autre nuit, j'ai entendu des bruits suspects, genre des grincements, des frottements, des papiers qu'on froisse, ce qui n'est pas très fréquent quand on dort seul. A moins d'avoir des crises d'insomnie qui vous poussent à faire des paperasses, ce qui serait drôlement pratique. J'ai fait un microsursaut, plissé les paupières en me demandant ce que ça pouvait être, et pour finir, haussé les épaules: "ça doit être encore un pigeon qui s'est perdu dans les combles".

(Vous remarquerez que je suis beaucoup plus maligne quand je dors que quand je suis éveillée. Ca peut expliquer beaucoup de choses.) Et puis, en prenant mon petit-déjeuner, je me suis retrouvée nez à nez avec un gros frelon. Je l'ai habilement piégé dans un verre, et puis j'ai attendu qu'il meure. Je sais, j'ai des occupations bien cruelles à potron-minet, mais bon, j'avais pas trop le temps de glisser une feuille de papier sous le verre et de jeter le frelon par mon vélux, et de risquer de me faire piquer et de finir mes jours la tête dans mon bol de café froid, parce que mes voisins n'auraient pas trop été alertés par l'odeur de mon cadavre vu que la voisine du rez-de-chaussée fume des joints plus gros que mon main qui embaument tout le quartier (comment ça, j'exagère?).

Je n'ai donc pas réellement attendu que le frelon meure. Je l'ai laissé là, dans le verre, et je suis allée bosser. Et quand je suis rentrée, il était mort. C'est des choses qui arrivent quand on s'introduit chez les gens sans y avoir été invité. Voilà.

Et puis hier matin (remarquez comme je m'applique à vous présenter des tribulations matinales, de façon à vous convaincre que j'ai une vie follement trépidante et dissolue le soir venu), tandis que je prenais mon petit-déjeuner, il s'est présenté devant moi. Timide, les tempes grisonnantes, les oreilles décolées et le ventre rond... Je vous présente my roommate : Lennie. (Ouais, comme dans Of Mice & Men de Steinbeck. J'essaie de donner un ton un peu "culture", v'voyez?)

Il est rapide comme l'éclair, et semble aimer les reliefs de mes repas dispersés en miettes sous ma table. Par contre, il a l'air très jeune. Ce qui voudrait dire qu'il doit avoir des parents, plein de frangins et frangines, des tontons, des cousines, bref, y'a des souris qu'habitent chez moi.

Bien sûr, je ne vais pas le piéger sous un verre (j'ai essayé, Lennie est bien plus rapide que cet abruti de frelon). J'ai des petites boîtes-à-poison-qui-dessèche-les-souris mais Lennie et sa famille sont bien trop malins pour s'y risquer. Je répugne à utiliser des tapettes, surtout que c'est paraît-il efficace, et que ça signifie que je peux être réveillée en plein milieu de la nuit par le claquement funèbre annonçant la mort de Lennie.

Du coup, j'ai cherché un répulsif naturel, de façon à conduire gentiment Lennie et tous ses potos dans l'appartement d'à-côté puisuq'il est vide.

Voilà, c'est pour ça qu'il y a des cotons à démaquiller imbibés d'huiles essentielles d'eucalyptus et de menthe poivrée disséminés dans tous les coins de l'appart. J'ai l'impression de vivre à l'intérieur d'un petit sac parfumé dans un placard de mamie. Mais je n'ai plus le nez bouché.

Comments

[dirlit]

Une souris montrant le bout de son nez dès potron-minet..........

pour jouer à chat ?

[maurice]

à potron-minet,dès potron-minet...et ma main pas mon main ! quand aux souris à toi d'avoir une cuisine inventive et de la servir non pas à l’assiette , mais à la tapette !!! bon courage ma grande ...............