Leçon élémentaire de formulations
On ne dit pas "j'ai vaguement fait une crise de nerfs dans ma voiture parce qu'en une journée, j'ai eu de quoi remplir environ vingt pages A4 à tous petits carreaux de remise en question personnelle", on dit "j'ai sué des yeux".
On ne dit pas "si j'en vois encore un(e) en train d'envoyer des textos, de jouer à Angry Birds ou de mettre le statut "je m'em****e, la géo c'est nul à ch**r" sur son portable, je lui fais faire trois tours de slip sans toucher l'élastique", on dit "portable supprimé jusqu'à vendredi".
On ne dit pas "je suis nulle, rien ne va dans ma vie, je vais finir vieille, moche, grosse et seule, le vélux ouvert avec des miettes de pain dans la bouche histoire d'être sûre d'avoir au moins la visite d'un pigeon", on dit "tiens, et si on mettait du Jean-Jacques pendant qu'on boit une bière?!".
On ne dit pas "mais vous avez rien de mieux à raconter que le dernier épisode des Anges de la Téléréalité, ouvrez les yeux, il se passe des choses dans la vraie vie, bordel! Et non, je ne sais pas si lundi, c'est Joséphine Ange gardien ou Louis la Brocante! ", on dit "Joséphine ? C'était pas la meuf de Bonaparte qui lui a un peu piqué la vedette en faisant peindre son courronnement à elle plutôt que son courronnement à lui ?".
On ne dit pas "mais si, il y a du positif dans tout : ton mec t'a largué mais il était con. T'as pas de travail mais ça te laisse du temps pour faire ce qui te plaît. Tes enfants font chier, mais ils vont partir un jour. Ton mec te tape dessus mais le bleu, c'est vraiment TA couleur!", on dit "certes, t'es dans la merde".
Et puis, on ne dit pas "ouais ; wesh, gros! ; bordel de merde", on dit "oui ; en effet ; crotte de bique".