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   Les Tribulations de                  Pierrette Bourge
23 décembre 2013

Boris Vian, de haut en comble et Petaouchnock

Je vous ai déjà parlé de mon faible pour les expressions détournées de Nabila ? Oui. Même si je préfère celles qui sortent de bouches un peu moins repulpées au Botox, mais c'est un goût tout à fait personnel. C'est juste que j'ai l'impression que les mots sont toujours plus vulgaires quand ils sortent de limaces imprégnées de gloss irisé. Ca me fait toujours penser au conte où la pauvre et gentille jeune fille crache des pierres précieuses alors que sa demi-soeur pestouille, pimbêche et feignante dégueule des vipères.

D'après WikiMonAmi, il s'agit du conte Les Fées, tiré du recueil Les Contes de la Mère l'Oie de Perrault. Voilà pour la page Culture. Je vous en prie, c'est toujours un plaisir.

Donc, les expressions détournées, il en existe un paquet et c'est d'ailleurs un jeu assez amusant. On connaissait déjà "c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres" (popularisée par Gad Elmaleh dans la Vérité si je mens), "Noël au scanner, Pâques au cimetière" (merci Desproges), "Ne remets pas à demain… ce que tu peux faire après-demain" (d'Alphonse Allais, mort en 1905 certainement d'une crise de procrastination aigüe, qui se trouve être aussi un écrivain, humoriste et journaliste qui a eu le premier l'idée de Paris-Plage, et qui... bon d'accord, je vous en parle un autre jour, sinon on s'en sortira pas. Ah, ça vous intéresse? Alors attendez, je saute une ligne, ce sera plus lisible.

De rien.

Alphonse Allais, donc, il a aussi écrit un recueil de contes en 1983 qui s'appelle "le Parapluie de l'escouade" dans lequel il n'était question ni de parapluie ni d'escouade. Et puis, ses lecteurs se sont plaints de ça (oui, y'avait déjà des mecs chiants et pas drôles à l'époque, toujours à se plaindre de trucs dont on se fout éperduement) et donc il a fait un nouveau recueil de contes qui portait pour titre "Pour cause de fin de bail" avec l'explication suivante :

« J’ai intitulé ce livre Pour cause de fin de bail, non pas qu’il y soit question de rien qui effleure ce sujet, mais simplement parce que je vais déménager au terme d’avril prochain. Je devais cette explication au lecteur, je la lui ai donnée. Nous sommes quittes. L’auteur. »

Un gars drôle quoi. Et cette histoire de titre a inspiré Boris Vian pour "L'Automne à Pékin",  un roman à propos d'un désert qui n'a rien ni de pékinois ni d'automnal dans lequel on veut construire une voie de chemin de fer. Voilà voilà. ) 

Et puis, au détour de plusieurs sites internet, j'ai découvert plusieurs expressions détournées qui me plaisent beaucoup, largement autant que " nan mais allô, méfie toi du loup qui dort quoi". Par exemple :

- Une seule lettre vous manque et tout est épeuplé (Philippe Geluck)

- Bien mal acquis ne profite qu'après (Coluche)

- la bible ne fait pas le moine

- Ne pas y aller avec le dos de la main morte

- Au pays des borgnes, les cyclopes sont aveugles

ou encore C’est la goutte d’eau qui met le feu aux poudres.

Et puis j'ai entendu de la part d'un gars dans la rue ... d'une vague connaissance ...bon ok d'un pote :

- J'ai regardé de haut en comble mais je sais plus trop où je suis garé. Ou alors c'est à Pétarouchnok...

Pas mal, hein? Non, mais on s'en fout s'il a retrouvé sa voiture, c'est pas ça la question. C'est surtout que du coup, je me suis demandée d'où venait l'expression à Petaouchnok. Oui, je sais, c'est de plus en plus long pour en arriver à la problématique de l'article. Mais donc d'où vient-il ce mot aux consonnances exotiques voire transsiberiennes ?

Petaouchnok, c'est l'équivalent de Trifouillis-les-Oies ou du Diable-Vauvert (là aussi, y'a des explications!!), ou de Pitchipoï en yiddish, même si le Pitchipoï en question était plutôt utilisé pendant la seconde guerre mondiale par les juifs comme "destination" des convois ( « “ Pitchipoï ” un nom étrange qui sonnait mal à nos oreilles, nous juifs provençaux bercés dès notre enfance par le patois méridional de Mémé Cohen dont le mari était aconier, un métier typiquement marseillais, avec sa barque de ravitaillement destiné aux bateaux du port de Marseille. C'est à Drancy, le camp de transite où notre famille fut internée, que nous devions faire connaissance avec ce mot de Pitchipoï. Nous ne pouvions en connaître l'origine : la culture yiddish polonaise dans laquelle il désigne un petit village imaginaire. Nous ne savions encore moins ce qu'allait être la réalité de cette destination inconnue des internés de Drancy. Lorsque nous la découvrîmes, tout espoir s'évanouit : c'était Auschwitz ! » Extraits de "J'ai eu seize ans à Pitchipoï" de Denise Toros-Marter. Peut-être pas très gai, mais ça a l'air très intéressant comme livre).

Donc, pour Petaouchnok, j'ai trouvé ça comme explication :

"Il existe l'expression de la cour du roi Pétaud ou Péto qui est synonyme de pauvreté et de désordre, d'anarchie.(...) Tout cela remonte à la Renaissance. La deuxième partie s'analyse plus aisément à partir de la célèbre chanson alsacienne « Hans im schnokeloch » (Jean dans le trou à moustiques) qui
donne notre schnock ou le premier gus venu et parfois un type ridicule (1863). L'idée de désordre et celle de trou perdu s'allient alors."

Sachant que dans mon encyclopédie de 1932, je trouve pour Petau ou Peto que c'est aussi un paysan saintongeais qui a participé à une obscure révolte au milieu du XVIè siècle. Peut-être que ça n'a aucun rapport mais avouez qu'on est un peu dans le sujet avec notre paysan de la Saintonge, non pas que j'ai quoi que ce soit à reprocher aux Saintongeais, ils sont vachement sympas quoique parfois un peu susceptibles, mais bon si je vous dis pas où c'est la Saintonge, là comme ça, vous pouvez me dire où c'est? Vraiment? Sans même googler? Ben vous êtes balèze. Ou Saintongeais. Bref.

Sinon, paraîtrait que Petaouchnock, c'est un mot inventé de toutes pièces pour imiter Petropavlovsk, une ville très lointaine du fin fond de la Russie. Je l'ai cherchée, elle est là :

petaouchnok

Au pays des borgnes, les cyclopes sont aveugles
Au pays des borgnes, les cyclopes sont aveugles

et effectivement, c'est à Petaouchnock. Même si on perd un peu la connotation de "trou du c.. du monde " parce que y'avait quand même près de 195 000 habitants à Petropavlovsk en 2010. Presque l'équivalent de La Rochelle (en Saintonge, donc), mais beaucoup plus que Mende (en Lozère, 16 455 habitants) ou Guéret (dans la Creuse, 77 082 habitants) qui sont les chefs-lieux des départements les moins peuplés de France.

Bon, et sinon, pour le Diable Vauvert, ben Pascal du site projet-voltaire.fr nous livre plusieurs explications assez convaincantes que même que ça sert pas trop que je répète, vu que je lui accorde toute ma confiance (et que cet article fait déjà vingt pages de long. Oui, c'est ma manière de vous épargner. Tout à fait dans l'esprit de Noel, quoi.)

Et sinon, y'a un mec qui a cherché où était le trou du c.. du monde. Ben, c'est là.

trouduc

Et voilà la preuve. De rien, c'est cadeau! Ben ouais, c'est Noël, quoi !

Allez, bisous! Et joyeux Noël !

 

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