Bal-trappe, Pythagore et architecte

Comme prévu, vendredi après-midi, j'ai rencontré M. Goupil. Un vrai rendez-vous très sérieux, au cours duquel nous avons comparé le nombre de pigeons morts trouvés au cours des travaux dans les combles (il a rénové le grenier de son côté de l'immeuble il y a quelques années). Et j'ai gagné. Je pense q'uil a été très impressionné.

Il a demandé à sa secrétaire de prendre rendez-vous avec les couvreurs et les installateurs de la climatisation, pour déplacer le bloc extérieur sur le toit. Je n'ai même pas eu besoin de dégainer la carte de l'assureur. Et j'ai eu droit à des conseils précieux sur différents petits trucs, genre l'isolation (je vous ai précisé que M. Goupil est architecte? Utile, n'est-ce pas?). Par exemple, que c'est pas mal de mettre une petite couche de laine de bois et, par-dessus, 20 cm de laine de verre. Que ça renforce le déphasage en cas de fortes chaleurs. Parce que, sous les combles, quand il fait chaud dehors, il fait très chaud dedans. Le rendez-vous utile, quoi.

Aujourd'hui, c'est la journée bal-trappe.

Emplacement de la future trappe. (J'en suis toute émue)

Oncle A. Bricoleur, grâce à son commentaire sur l'article dans lequel je parlais de la technique pour faire un rectangle d'équerre sans équerre, m'a judicieusement remis en mémoire le fameus théorème de Pythagore.

Mais si, rappelez-vous, ce gars qu'on rencontre au collège, et qui dit que la somme des carrés des côtés du triangle rectangle est égale au carré de l'hypothénus. Je me souviens très bien de cette rencontre. A l'époque, j'étais une élève parfaitement moyenne et disciplinée, beaucoup plus préoccupée par tenter de lire le plus de livres possibles en une semaine que par le fait que les garçons s'intéressaient uniquement à ma copine, et pas à moi, mais ça fera l'objet d'un autre post. Donc, reprenons. A cette époque, j'apprenais mes leçons sagement, même celles de mathématiques, consciente que 1) l'école, c'est obligatoire 2) la prof de maths ne m'aimait pas trop, et qu'elle m'aimerait encore moins si je n'apprenais pas mes leçons 3) que le théorème de M. Pythagore ne me servirait jamais à rien, mais le brevet, probablement qu'il serait utile et 4) les mathématiques enseignent une façon de penser et de réflechir logiquement. Aujourd'hui, je me rends compte que j'avais tort, mais pas sur tous les points.

1) l'école, c'est obligatoire. Et en plus, c'est cool. Enfin, moi, je trouve ça cool. J'ai toujours aimé ça. Mais j'y reviendrais, car aujourd'hui, on s'en fout.

2) la prof de maths, même quand je connaissais mes leçons, ne m'appréciait toujours pas. Mais, pour commencer, elle n'arrivait ni à se rappeler, ni à prononcer mon prénom, et je pense que ça la vexait plus que tout. Rien de vraiment personnel, au fond.

3) Souvent, les maths, ça sert à rien. Honnêtement, qui s'est dit un jour, qu'il allait régler son dilemne de parcours dans le supermarché (vous savez, le dilmen qui fait qu'une fois le caddie plein, arrivé aux caisses, on se rend compte qu'on a oublié le lait, et que le rayon est complètement de l'autre côté du magasin, mais qu'on a prévu de faire des crêpes et aaaaargh, il faut contourner toutes ces familles qui font la queue devant les tapis roulants) en utilisant les vecteurs? D'ailleurs, si quelqu'un a trouvé à quoi pouvait bien servir ces foutus vecteurs, qu'il intervienne ici ou se taise à jamais.

4) la façon de réfléchir logiquement fonctionne aussi avec le latin et ses déclinaisons, mais là, je crois que ça sert encore moins que le théorème de Pythagore.

Après cette très longue digression, un petit mot sur notre ami Pyt. Ouais, Pyt, c'est la classe, ça fait penser à Mc Gyver, non?

D'abord, Pythagore serait à l'origine de la philosophie. Il n'a pas inventé la philosophie au sens figuré, il a inventé le terme "philosophe", qui signifie "amoureux de la sagesse". Déjà, rien que pour ça, il est dans mes petits papiers.

Ses parents sont tous les deux des descendants de Ancée, fils de Zeus. Comme quoi, un peu de consanguinité bien placée, et au lieu d'un fiston ressemblant étrangement au joueur de banjo dans Delivrance, vous obtenez un génie mathématicien.

Sa vie est plutôt mystérieuse et constituée de beaucoup de légendes. Pyt était un mec très occupé et concerné par de nombreux sujets : la géométrie et les mathématiques, la musique comme moyen de guérison, les sciences politiques, la morale, la religion et la place de l'âme. Il a inventé des formules encore populaires maintenant comme "entre amis, tout est commun", ou "tout ne peut pas être dit à tout le monde".Mais c'est marrant de savoir qu'il s'intéressait aussi au pouvoir symbolique des nombres. En gros, il faisait de la numérologie sans passer ni pour Madame Soleil ou Paco Rabanne. Comme quoi, dans l'Antiquité, on pouvait bosser chez cosmopolitan sans être une blonde écervelée.

Donc, le théorème de Pythagore, c'est a² + b² = c², sachant que c est l'hypothalamus hypothénuse (le côté opposé à l'angle droit). Ce que je préférais, quand j'étudiais ce théorème, c'était la démonstration. C'était mon grand truc, la démonstration. Je crois que je rêvais d'être avocate, à l'époque. Et j'avais l'impression de prouver des grands trucs, avec ces démonstrations. Et en plus, c'était vraiment la classe de manier des théorèmes. Rien que le nom, quand on a treize ans, ça fait se sentir vachement intelligent, non?

Vérification de l'hypothénuse. Trèèèèès important.

Dans le cas présent, il faut donc mesurer tous les petits côtés de ma trappe, ainsi que les deux petites diagonales, et vérifier que tous les petits nombres correspondent. Et si je dis "petits" côtés, c'est plus ironique qu'autre chose parce que cette future trappe est deux fois plus grande que l'actuelle. Autant dire, bientôt finies, les acrobaties sur mon plan de travail, au-dessus de ma gazinière.

Bon, là, maintenant que je ne suis plus sur les bancs de l'école depuis un bail (merci de ne pas me rappeler le nombre d'années qui me séprent de mes treize ans), je dois avoir que j'ai bien envie de me repencher sur la question. Je vais de ce pas retrouver ma calculette et mon crayon à papier pour refaire cette trappe bien comme il faut, avec de beaux angles droits.