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   Les Tribulations de                  Pierrette Bourge
21 novembre 2013

Pierrot, Renaud et carnaval de Rio (pour la rime)

Ce matin, avant même d'être à moins de 100 mètres de leur porte, je les entendais déjà s'engueuler. Cette voisine est mignonne, hein, mais elle passe son temps à se disputer avec son mec (qui est aussi le père de son enfant depuis quelques mois. Non pas qu'elle ait changé d'avis sur l'identité du géniteur, mais bon, ça se fait que quelques mois qu'elle est maman et par voie de conséquence, qu'il y a un papa). Or, autant son mec a l'air très sympathique quand je le croise dans la rue, autant là, à 7h30 du matin, les "salope! de toute façon, tu t'es tapée tout le quartier", ça me donne pas envie de boire un coup avec lui. Attention, je veux pas dire que la petite est toute innoncente non plus, hein, mais bon j'ai pas besoin d'être mêlée à leurs affaires de couple, et vu le volume sonore, je suis un peu obligée de subir. En plus, son information est totalement erronée : elle ne s'est pas tapée tout le quartier. PAr acquis de conscience, j'ai demandé à un autre voisin, un qui est vraiment sympa et qui s'engueule peut-être avec sa meuf mais sans forcément me mettre au courant, et il m'a certifié que "non, non, pas lui, mais c'est vrai que c'est un peu lourdingue, ces engueulades publiques".

Bref, cette petite voisine, je l'ai croisée un jour de vide-grenier et elle était déguisée en Pierrot. Déjà, je comprends pas trop le délire d'aller déguisé à un vide-grenier. Sauf si c'est un vide-grenier déguisé, ce qui pourrait être une idée marrante. Ou alors c'était carnaval et je m'en étais pas rendu compte. Ou alors, elle avait eu super envie de se déguiser le matin, et puis elle s'était dit "ben tant pis, j'ai trop envie, et si les gens du vide-grenier sont pas contents, c'est pareil", ce qui est un acte de courage et une preuve de grande indépendance d'esprit. Ou alors elle est comme les gosses à qui on vient d'offrir un costume de Spiderman et qui le garde trois jours d'affilée sur eux, même pour dormir, même pour aller à l'école, sous le pull, et qu'il faut se battre avec eux pour le leur enlever au risque que le lycra ne fusionne avec la peau.

Pierrot, donc. Franchement, expliquez moi le délire de Pierrot. Y'a plein de mamans qui déguisent leur gamin comme ça. Avec la face toute blanche et la larme sur la joue. Mais quoi? Tu trouves qu'il pleure pas déjà assez, ton gosse?!

A carnaval, quand j'étais petite, c'était soit des pierrots soit des princesses chinoises. Non mais, princesses chinoises, quoi. Bon, aujourd'hui, je vais concentrer ma rage sur les pierrots, hein, chaque chose en son temps.

Ma grand-mère en avait un dans sa chambre, et puis mon autre grand-mère aussi. Et puis chez ma tante, y'en avait un aussi, et juste à côté, y'avait aussi un tableau d'un genre archi-connu (ou peut-être que dans ma tête et dans les carnets de Monsieur Manatane) le genre "enfants en pleurs façon Poulbot". En l'occurence, c'était une petite fille et le tableau ressemblait un peu à ça :

Peintures d'enfants en pleurs

 

 

 

Et je me rappelle de m'être demandé si elle pleurait parce que Pierrot pleurait, ou si c'était l'inverse, ou s'ils s'étaient fait enguirlandés pour la même bêtise. Mais bon, bref, ce que je voulais dire, c'est qu'à une période, tout le monde était obsédé par ce foutu Pierrot. Y'avait des Pierrots dans toutes les maisons, et sous toutes les formes : en tableau, en poupée, sur des taies d'oreiller, et bien sûr au carnaval. Je me souviens particulièrement du carnaval de 1989. Mon petit frère et moi, on avait des supers déguisements : lui en Davy Crocket (mais si vous savez, l'homme qui n'a jamais peur et qui a un raton-laveur mort en guise de chapeau, vous vous souvenez?) et moi en Marianne (bi-centenaire de la révolution française oblige). On avait la grande classe, Frangin avait un gilet en faux-cuir avec des franges et le bonnet en raton-maveur qui rappelait Capucin dans Candy, et moi avec mon bonnet frigien en papier crépon et une tête en polystyrène fichée au bout d'un manche à balai. Je me rappelle que j'étais hyper fière de nous.

IMG

(Là, c'est moi, à côté du petit Chaperon Rouge, du marin, et du 10ème Pierrot)

 

Y'a eu le défilé dans les rues du village. Et puis y'a eu le concours de déguisements, devant l'école. Et qui a gagné? Devinez! Ben oui, une princesse chinoise et un foutu Pierrot. Bon, statistiquement, ça se défend puisqu'il devait y avoir 8 princesses chinoises et 12 pierrots, mais bon, zut quoi.

Moi Pierrot, je le connaissais surout avec la superbe chanson de Renaud. Et puis celle de l'ami Pierrot aussi, qui a perdu son chat à qui on demande une plume pour écrire un mot mais qui n'a pas de briquet ( je cherchais pas mal le rapport entre la plume et le briquet. J'ai compris plus tard, un jour de coupure d'électricité). Et puis, Pierrot a disparu de ma vie. Le carnaval ne m'avait pas tant traumatisé que ça. Mais vers la cinquième, en cours, on nous a parlé de la Commedia Dell' Arte, et là, l'ami Pierrot a réapparu.

Dans la Commedia Dell'Arte, Pierrot est donc un valet bouffon, un peu l'équivalent de notre Scapin à nous, quoi. Sauf qu'il est moins fourbe, plutôt naïf, peureux, et fleur bleue. Et dans la lune bien entendu, ce qui fait qu'il est à l'origine de bon nombre de quiproquo.

C'est le rival d'Arlequin, le gars avec un habit en losanges multicolores (autre déguisement chéri des gosses sauf que là, celui qui coud le déguisement doit être patient et un peu doué aussi). Sauf qu'Arlequin a la figure noire de suie, et Pierrot blanche de farine (apprenti boulanger). Et puis Arlequin, lui aussi est un valet bouffon, mais plutôt rusé, optimiste, il trouve des solutions à tous ses problèmes et ne pense qu'à s'empiffrer. En fait, si Pierrot et Arlequin sont rivaux, c'est parce qu'ils sont amoureux de la même donzelle, la belle Colombine.

Colombine est une servante aussi, bavarde, piquante et vive. Si j'ai tout bien compris, Colombine est blanchisseuse. Elle travaille donc le jour, alors que Pierrot le boulanger travaille la nuit. Et même s'ils s'aiment, au bout d'un moment la Colombine, ça la gonfle de jamais voir son bonhomme. Et comme elle veut pas tenir la caisse de la boulangerie, elle quitte Pierrot pour sortir avec Arlequin.

Michel Tournier, celui qui a écrit "Vendredi ou les limbes du Pacifique", explique ainsi la chanson Mon Ami Pierrot dans son conte "Pierrot ou les secrets de la nuit" : Colombine est donc partie avec Arlequin, en roulotte pour leur voyage de noces, mais c'est pas non plus la panacée. L'hiver arrive. Colombine reçoit une lettre de Pierrot qui la supplie de revenir. La boulangerie a bien changé, elle est toute décorée, pleine de lumières. Colombine fond à nouveau. Pour célébrer son retour, Pierrot lui confectionne une Colombine géante en brioche (ça, c'est un homme qui sait parler aux femmes). Dehors, devant la porte de la boulangerie, Arlequin se les caille et chante pour que son ami Pierrot lui ouvre la porte pour l'amour de Dieu. Et Pierrot s'exécute parce qu'il est bonne pâte, ce qui, rappelons le, est le comble du boulanger d'après les blagues Carambar.

Y'a pas trop de fin à cette histoire, je crois. Si ce n'est que, dans la Commedia Dell'Arte, Colombine reste avec Arlequin. Et Pierrot est condamné à pleurer sur cet amour perdu. Heureusement qu'il a Renaud, le pauvre...

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Commentaires
T
pierrette ma poétesse, ma frangine , mon poteau, pierrette, tu m'tiens chô, pierrette... salut la pierrette salut la nitouche, tu t'souviens d'moi ... T'as toujours ton sacré clé.....
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