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   Les Tribulations de                  Pierrette Bourge
13 septembre 2013

VRP, discussion de boulot et pique-nique au bois

J'ai passé les quinze premières années de ma vie dans un petit bled du Sud-Ouest (que nous appellerons PetitBled car il ne souhaite pas être nommé ) et le hasard ou le destin a fait que depuis quelques années, j'y trouve régulièrement du travail. C'est un fait assez drôle pour être souligné car PetitBled est près d'une ville un peu plus grande de près de 30 000 habitants, dans laquelle on pourrait supposer qu'il y a plus de boulot. Mais non, il n'y en a pas. Ou plutôt il y en a mais pas du que je peux faire. Il y a par exemple des offres d'emplois pour des coiffeuses-esthéticiennes, des vendeurs en prêt-à-porter, des agents immobiliers et des vendeurs en téléphonie. Et moi, je n'ai pas la fibre commerciale. Mais alors vraiment pas.

Moi je suis le pigeon chez qui les représentants sonnent. Mais si, vous savez bien, les représentants. Et le pigeon. Souvent en forme de petite vieille dame, le pigeon oiseau à la grise robe dans l'enfer des villes à mon regard tu te dérobes hum hum pardon propose aux représentants de rentrer, "et vous prendrez bien un ptit kawa, je viens de le faire couler" et ça s'asseoit à la table de la cuisine, et ça papote et ça finit par signer un contrat que présentent les si gentils représentants à la langue bien pendue. Voilà, moi je suis le pigeon.

Hier encore, j'ai signé un contrat pour un quotidien local qui me sera livré à 4 h du matin dans ma boîte aux lettres, sauf que je n'ai pas de boîte aux lettres et qu'il va donc m'être dérobé avant même que je ne descende le chercher. Ou alors, faut que je mette mon réveil à 4h03 juste pour récupérer ma feuille de chou. Le pire ? La seule chose que je lis dans ce canard, c'est l'horoscope.

Et encore, je m'estime heureuse parce que la dernière fois que j'ai fait le pigeon, je me suis retrouvé avec six cageots de pommes à écouler. Autant vous dire que depuis, j'ai du mal avec la compote. Bref.

Je vous parlais de PetitBled pourquoi déjà? Ah oui, par rapport au boulot.... C'est chiant, non? Parler boulot là, comme si on n'avait pas d'autre sujet de conversation.. Un peu comme les parents qui ne parlent plus que de leurs gosses. Même entre eux ils ne parlent que de ça, c'est hallucinant. Après, quand les gosses ont grandi et s'en vont, les parents restent là, à se regarder dans le blanc des yeux de chiens de faïence (oui, je ne savais pas quelle expression choisir alors j'ai choisi les deux) et à se dire qu'ils doivent demander le divorce. Non, c'est vrai, les conversations de boulot, et tu fais quoi dans la vie, etc... pfff, ça me plombe moi... Non, vraiment, finalement, je vous en parlerai un autre jour.

Je préfère vous raconter comment je me suis perdue encore une fois dans PetitBled. Vous vous rappelez quand j'ai évoqué ce grand moment de mon enfance? Mais si, c'est dans cet article là...  Ben, je l'ai refait. J'étais invitée en sortant du boulot pour un pique-nique au Bois du PetitBled. Oui, dans PetitBled, il y a un bois, avec un parcours de santé, et un skatepark. Parce qu'à PetitBled, il y a des sportifs. Et des skateurs Et pas mal  de protestants aussi mais j'y reviendrai. Il y a beaucoup de chasseurs aussi, mais pas au même endroit. Bref. Ce Bois, je le connais bien. Le dimanche avec mon père, on avait l'habitude d'aller au parcours de santé. Enfin, on y allait parfois. Rarement en fait. Bon, d'accord, on a du y aller deux fois en quinze ans, mais bon, je connais quoi.

Allez savoir pourquoi, je suis sortie du travail, les muscles fourbus et les aisselles moites (oui, mon travail est assez physique en ce moment... Je vous donnerais bien des détails mais puisqu'on a dit qu'on y reviendrait, il faudra attendre. Et revenir donc.), et j'ai pris une route que je connais bien puisque c'est la route qui mène à la maison de mon enfance. Sauf que ça n'a rien à voir avec la direction du Bois. 

J'étais là, toute pleine d'une joyeuse nostalgie, à égrenner mes souvenirs comme les perles d'un chapelet, ("ah oui, et là c'est la maison de Machine, la petite conne du centre aéré qui m'appelait Le Clown", "et là, c'est l'endroit où E. m'annonçait qu'elle ne pouvait pas m'accompagner jusque chez moi parce qu'elle devait rouler des pelles à son petit copain", "et ici, le coin où les pimbêches de 5ème m'avaient annoncé que j'étais vraiment trop bizarre pour pouvoir être considérée comme leur copine et que je serais bien gentille à l'avenir de me tenir éloignée d'elles pendant les récréations", "et là-bas, tout en haut de la colline, c'est la maison de la famille R. où on passait des soirées mémorables, les parents saouls au tipunch et les marmots cavalant au milieu des poules")...  Et puis j'ai fini par m'arrêter. J'étais en rase campagne, tous mes souvenirs s'étaient envolés et j'étais paumée avec le village à dix kilomètres derrière moi, et plus aucune idée de la route à prendre.

Je sais, je sais, ma mémoire a capoté. C'était l'heure du pique-nique sus-cité, j'étais complètement de l'autre côté de PetitBled, à me demander comment j'avais pu arriver là, et vers où je devais aller pour rejoindre le Bois.

J'ai fini par appeler au secours et M. L. Dorris m'a indiqué le chemin à prendre. M. L. Dorris qui n'est pas du tout originaire du coin, et qui, lui, est capable d'aller au Bois du PetitBled les yeux fermés. Et qui n'avait pas jugé utile de me préciser où était le Bois puisque j'ai passé quinze ans à PetitBled, rappelons-le.

Bref, j'ai mangé ma salade de pâtes sous les quolibets. Je suis un pigeon sans sens de l'orientation, vous parlez d'une affaire....

Du coup, en hommage à David et Cathy, les représentants qui m'ont fait signer un contrat pour lequel je vais me rétracter selon le délai légal de 7 jours (merci l'article L. 121-25 du Code de la Consommation relatif à la protection des consommateurs en matière de démarchage et de vente à domicile), voici une chanson des VRP, chanson que je me chante le matin dans ma voiture les jours où je suis partie un peu en retard (c'est-à-dire assez régulièrement) :

. Et puis aussi, je pense que le mot "pigeon" est de loin le mot le plus utilisé dans ce blog. Et ça, c'est une information capitale !

 

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